Genre, sexe et sexualité

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Composée essentiellement de femmes, la société des Ingénieures ne s’est durant sa longue existence que très peu préoccupé de la question du genre, ou en tout cas jamais comme une composante forte de l’identité d’un individu. L’émergence de la société mixte des Seeded pourrait toutefois remettre le sujet sur le devant de la scène.


Chez les Ingénieures


Si la différentiation sexuelle chez les êtres humains est longtemps restée abstraite pour les Ingénieures, elle n’est pas pour autant inconnue même des plus jeunes d’entre elles, qui peuvent l’observer au jour le jour parmi les plantes et les animaux du Noyau. Leur langue reflète du même coup cette différence, avec des termes comme bouc ou coq pour désigner les individus mâles parmi les chèvres ou les poules, ainsi que des pronoms différenciés pour les évoquer dans une conversation (en cas de groupe mixte ou de généralité la majorité – souvent féminine – l’emporte). Le parallèle s’arrête là toutefois : un homme ne serait pour elles pas plus comparable à un vulgaire coq qu’une Ingénieure à une simple poule pondeuse.

En effet même si le type d’appareil reproducteur des Ingénieures est sélectionné bien avant la naissance pour des motifs de perpétuation de la lignée, les Sanitaristes-Pédagogues apprennent à leurs Aspirantes moins la façon dont elles devraient se comporter en tant que femme que les valeurs qu’elles seront tenues à respecter en tant qu’Ingénieure : une volonté sincère de tendre vers l’excellence dans le ou les domaines de leur choix couplée à un dévouement sans faille envers leur mission commune. La maternité fera bien sûr partie de leurs futurs devoirs, toutefois elle ne représente généralement pas plus d’une ou deux années d’une vie bien plus longue, riche en défis de toute sorte, si bien que la pression qu’elle représente garde une importance très relative.

Tout ce qui n’entre pas en contradiction avec les valeurs de leurs sociétés ou leur traduction en terme de droit et de devoir est généralement considéré comme accessoire : une personne sera beaucoup plus durement jugée sur son manque de rigueur que pour son manque de décence, et un comportement irrespectueux envers une paire (quelles que soient les circonstances) provoquera toujours plus de réactions que des propos vulgaires exprimés par plaisanterie ou sur le coup de la colère. Elles s’habillent, s’expriment et se comportent comme elles l’entendent, dans le respect des règles d’hygiène, de sécurité et de respect de l’autre les plus élémentaires, et si une certaine norme se met souvent en place celles qui en sortent suscitent généralement plus de surprise que de critique.

Pour ce qui est de la sexualité, elle est tout simplement considérée comme une affaire privée entre la ou les personnes impliquées, qui se pratique dans une certaine discrétion mais qui ne peut jamais rester complètement secrète dans l’espace ouvert du Noyau. Il est bien sûr aussi possible, avec la complicité de Machinistes bien informées, d’accéder à des espaces plus intimistes cachés dans la Coque, mais le recours à cette solution reste relativement rare.

Un seul tabou absolu existe : il ne peut y avoir aucune relation affective ou sexuelle entre une Aspirante et une Ingénieure confirmée. Cette mesure a pour but d’éviter tout phénomène d’emprise entre deux personnes qui n’ont pas encore les mêmes droits et devoirs : en cas de transgression le blâme retombe ainsi sur l’Ingénieure exclusivement, en tant qu’adulte pleinement responsable de ses actes. Si une Aspirante en passe de devenir Ingénieure souhaite poursuivre une relation avec une consœur qui n’est pas encore prête, elle a toujours le droit de demander un report de la cérémonie, mais pas une dérogation à cette règle.

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Chez les Seeded


Avec la mise en marche du projet de colonisation, le Seed a vu arriver ses toutes premières naissances dotés d’appareil reproducteur mâle, ce qui n’a pas été sans soulever un certain nombre de problématiques plus ou moins bien anticipées. La première d’entre elles relevait de la sphère purement médicale : si de nombreuses générations de Sanitaristes avaient documenté les spécificités de l’utérus, dans son fonctionnement naturel comme dans ses dysfonctionnements potentiels, celle concernant le pénis se révélait ancienne, difficile d’accès et surtout complètement inédites pour les praticiennes qui ont tenté de combler leur retard en la matière. Les premiers nés ont dès lors fait l’objet d’une attention très poussée et d’ajustements réguliers, même dans les soins les plus basiques, pour identifier au mieux les potentielles différences physiologiques et y adapter aussi bien les méthodes d’entraînement que le régime alimentaire ou l’administration de médicament.

En dehors de ces préoccupations toutefois, les Ingénieures ne font que peu de différence entre les enfants. Il y a bien eu au début une certaine curiosité envers les garçons ou un début de complicité privilégiée avec les filles, mais les Sanitaristes-Pédagogues s’en sont très vite mêlées pour mettre fin à toute tentation de favoritisme dans un sens ou dans l’autre.

Quand les premiers Seeded ont commencé à atteindre la puberté, elles ont aussi décidé d’inclure dans leurs leçons des notions d’éducation sexuelle pour éviter les dérapages malencontreux. Tous les Seeded, quel que soit leur sexe, sont au courant de ce qu’est la reproduction sexuée et de comment la provoquer – ou plus exactement comment l’éviter, car aucune naissance de cette sorte ne sera tolérée à bord du Seed, et même après le débarquement on les encourage fortement à sécuriser leurs ressources premières avant d’y songer. Par mesure de précaution les relations sexuelles sont pour l’instant strictement interdites pour les Seeded, même entre personnes de même sexe pour ne susciter ni envie, ni jalousie entre eux. Les relations affectives restent en revanche libres, tant qu’elles restent chastes.

Le protocole de colonisation a aussi posé un tabou sur toute relation entre deux personnes de même lignée matrilinéaire, tabou qui sera aussi transmis à leur descendance quand le temps viendra. Le protocole insiste que c’est une condition importante pour le succès de la colonie et de sa diversité génétique.

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La question des pères


Dès qu’un enfant a la maturité pour le comprendre on l’informe qu’il a un père, qu’il ne le rencontrera jamais puisqu’il est resté sur la planète-mère et y est mort depuis longtemps mais que c’est lui qui a eu le privilège de choisir son prénom. Il peut s’il le souhaite avoir plus d’information le concernant, dont un message vidéo qu’il a enregistré pour lui. Seul l’enfant pourra accéder à ces informations, qui seront scellées pour de bon à sa mort. Si certains choisissent de ne jamais les consulter, ceux qui le font tout de même restent souvent sur leur faim : la, ou plus exactement les langues dans lesquelles s’expriment les personnes de la planète-mère, ne sont plus connues des Ingénieures. Il ne reste d’eux qu’un visage, des intonations, des émotions aussi parfois, mais si peu de signification.

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Références


#lectureconseillee #societe

Rédigé par @Shad Elbereth

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